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  AMOURS  



LXVIII.


Les sanglots continus, l'ardeur, l'impatience,
Dont jamais vostre coeur ne peut estre touché,
Le grand feu qu'en l'esprit jusqu'icy j'ay caché,
Et qui ne s'esteignoit pour tans DY pour absenoe;

Vos injustes courroux, vostre méconnoissanCt~,
Par qui je me suis veu tout espoir retranché;
Et ces longues froideurs, qui mon 1ge ont séché,
Ne me pouvoient sortir de vostre obeissance.

Tant de voeux faits au cieln'esteignoient point mon ren,
La force ou le conseil y servoient aussi peu,
Tout appareil rendoit ma playe envenimée :

Mais en fin les dédains l'un sur l'autre amassez
ll'ont si bien garanti des martyres passez,
Qu" peine il me souvient de vous avoir aimée.


LXIX.


A mon terrestre ciel j'ose faire la guerre,
Comme un nouveau géant que l'orgueil va touchant:
Iles traits sont Ines desirs, mais. en les décochant,
De haste et de fureur c'est moy seul que j'enferre.

Au lieu de Blont sur mont haut élevé de terre,
Espoirs, sonses, pensers l'un il'autre accrochant,
Je pense estre bien-haut, quand en vous approchant,
Sur moy l'ostre bel oeil mille foudres desserre.

Je vous estime heureux, Titans audacieux,
Bien qu'en ftn vous fussiez le triomphe des dieux,
Vostre orgueilleux desir cessa quand el la vie;

Le mien ne cesse point, et pour estre brillé.
Pour trebueher cent fois, foudroyé, desol~,
Je ne puis voir chetir la 8n de mon envie.