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  AMOURS  


Et pour m'encourager il suRlt que je pense
Que oui autre que moy o'espere y parvenir.

Car mon coeur genereux à rien ne se peut plaire,
Que j'estime qu'un autre ait espoir de parfaire;
Un Dieu pour compagnon je ne puis recevoir;
Je veux suivre tout seat. ce que je me propose,
Et encore en amour, plus qu'en toute autre chose,
Je fuy les compagnons et n'en veux point avoir.

J'aimeroy beaucoup mieux supporter la rudesse
Et l'orgueil dedaigneux d'une fiere rftaistresse,
Qui mesprisast tout autre au fort de mon esmoy,
Qu'estre dessous le joug d'une plus pitoyable,
Qui pour me rete~irse rendist favorable,
)Jais qui favorisast les autres comme moy0

Ainsi qu'un grand torrent qui les plaines menace,
S'écoulant en ruisseaux perd sa premiere audace,
Et l'etrort qui d'orgùeille faisoit escumer;
Ainsi J'amour d'un seul est plein de violanee,
lIais quand on le divise il perd toute puissance,
Qui aime en plus d'lin lieu ne sçauroit bien allner.

D'une seule Jumiere en la nuict allumée
L'ombre entiere se fait, qui se perd consumée
Par les rayons espars des flambeaux d'alentour;
Ainsi d'un seul debil' la vraye amour est faite,
Qui s'affoiblist par nombre et demeure imparCailt'.
Le desir divisé ne se peut dire amour.

J'accompare une dame en cent lieux embrasée,
Au miroir qui reçoit toute image opposée,
Et nOen retient pourlant aucune impression;
Ainsi dans son esprit de legere nature,