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  D’HIPPOLYTE. 102



LIX.


Amour, si j'a)' soufrert, Melle a ton empire,
Sans me lasser de toy, tant d'ameres douleursi
Si je t'ay tant de fois abbreuvé de mes pleurs,
El si tes plus beaux traits eu mon coeur je retit-e;

Voile vers )a beauté qui me tient en martire,
Et qui fait que tu as tant de force en nos coeurs,
Amolli son courroux, adouci ses rigueurs,
.:t faf que son ~I oeil recommence ame luire.

C'est le douzième jour que cet oeil courroucé
Entre mille dangers sans clarté m'a laissé,
N'ayant pour JrJe guider que ma flamme immortelle.

De grace, en ma faveur, Amour, va la blesser;
Ou si tu la crains trop, et ne m'en veux laisser,
Tire de mon coeur mesme et frappe la crueJl~.


LX.


Si les pleurs que j'espans, si le triste langage,
Dont la nuict et mon Iiet sont témoins seulemanl,
N'ont pouvoir d'amollir un coeur de diamant,
Et ne font de pitié pallir son beau visage;

Pourquoy Ine reservé-je à languir davantage
De Fortune et d'Amour l'horrible esbattemant?
Plustost dedans le sang noyons nOfltre tounnant,
Et nous sacrifions à celte ame sauvage.

Je raccuse à grand tort i car son roeur de rocher
De mes poignans regrets se laisseroit toucher,
Si je pouvoy me plaindre alors qu'elle est presente.

~Iais le son de ma voix se change en ·Ia voyant,
Mon oeil se rasserene et n'est plus larmoyant,
Et ma langue se taist bi~n que mon coeur lamente.