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  D’HIPPOLYTE. 100



LIIII.


S'il n'y a rien si froid ne si glacé que celle
Qui me fait par ses yeux lans pitié consommer,
D'où peut--elle en nos coeurs tant de Ilamrnt's M'tOP!",
Veu que le sien est pris d'une glace éternelle!

C'est un eslrange cas que l'ardeur immortelle
Qui a source en ses yeux, ne la puisse allumer;
~eRlblable au beau soleil qui peut tout enftamer,
Bien qu'il. n'ait point en soJ de chaleur naturellc.

Seroit-ce point Amour, le tyran sans mercy,
Qui, frappant de ses traits sur son coeur endurcy,
Fist saillir tout ce feu pOUl' consommer pos ames?

Comme on voit un caillou refrapé maintesroia
Par force avec du Cer, servir d'amorce au bois,
Et sans devenir chaud Caire jaillir des Dames.


LV.


Vous n'est~s point mes yeux, ô trompeuse lumiere
Par qui le t~'ail d'Amour dans le coeur In'est venu j
~i VOU8 estiez mes yeux, YOUS o·eussiez mesoonou
Celle qui tient mon ame ason gré prisonniere.

Las vous estes mes Jeux! mais la faute premiere,
Et rennU} que par vous je sois serf devenu,
Rend voatre ardant desir sagement retenu,
Et VOUI fait abaisser pour ne yoir ma gueniere.

C'est trop tard, paU\TeS yeux, c'est trop tard att.mdu,
La aagesse vous vient lors que tout est perdu, .
Un conseil tout divers desonnais il Caut prendrt'.

Regardez-la laDS cesse, admirez ses beautez,
Et ftamme dessui tlamme en mon coeur apportez,
Afin que sans languir je sois reduit en cendre.