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  D’HIPPOLYTE. 98


Mon coeur se gelle et devient roche;
Devant vos attraits gracieux
Je pers esprit, voix et haleine;
F.t, voulant vous·conter ma peine,
Je ne sray parlf"r que des yeux.


STANSES.


H je languy d'un lnartire inconnu,
~i mon d~sir jadis tant retpnll,
Ores sans bride à son gré me trnnsportf',
lJe dOI-je plaindre ainsi comme je fais~
Un nou'"eau Inal fait de nouveaux efJ'ets,
Plus de beauté plus de tourment apporte.

En ma douleur c'est pour me consoler
Quej'aye osé si hautement voler,
Et-que la peurmoa-.courage ne cbange;
Par les hazards l'honneur se doit cherchpr.
Quand le malheur me fera trébucllf~r,
L'avoir ose Ill'est assez de loüange.

L'homme grossier, en la terre arresté,
Ile peut nommer plein de wmerité;
J'aime trop mieux estre veu temeraire,
Que de coeur lasehe et d'esprit abbatu,
Un Seul sentier n'est clos à la vertu,
ft au coüard rien n'est facile â rair~.

Les grands palais sont plus battus de vans,
Et les hauts monts, vers le ciel s'élev:ms,
Presque toujours sont frappez de l'orage;
Mais c'est tout un; du ciel nous approchant,
Cherchons la mort, plustost qu'en nous cachan t
Vivre et monstrer qu'ayons peu de courage.