Page:Desportes - Premières œuvres (éd. 1600) II - Les Amours d'Hippolyte.djvu/47

Cette page n’a pas encore été corrigée
  D’HIPPOLYTE. 96



XLV.


! paslens.et tardifs tout seul je me promaine.
Et mesure en rèvant les plus s~uvages lieux:
Et, pour n'estre apperçeu~ je choisi de mes yeux
Les eudroita nOD frayez d'a~cune trace humaine.

Je n'ay que ce rampart pour defJ'endre ma paine,
Et cacher mon desir·aux esprits curieux,
Qui, voyans par dehors mes soupirs furieux,
Jugent combien dedans ma flamme est inhumaine.

Il n'y a desormais ny riviere ny bois,
Plaine, mout. ou rocher, qui n'ait sçeu par ma voix,
La trampe de ma vie â toute autre celée.

Mais j'ai beau me cacher, je ne puis me sauver
En desert si sauvage, ou si basse valée,
Qu'Amour ne me découvre, et me vienne trouver.


XLVI.


Aspre et sauvage coeur, trop Oere volonté.
Dessous une douce, humble, angelique figure.
Si par vostre rigueur plus longuement j'endure,
Vous n'aurez grand honneur de m'avoir surmonlé.

Car soit quand le printans découyre sa beauté,
Soit quand le froid hyver fait mourir la verdure,
Nuit et jour je me plains de ma triste advanture,
De Ina dame et d'Amour sans repos tourmenté.

Je vy d'un seul espoir, qui naist lors que je pense
Ou'on voit qu'un peu d'humeur parlongue accousturoance
Cave la pierre ferme et la peut consumer.

Il n'y a coeur si dur, qui par constante pl'euve,
llieurant, priant, aimant, â la fin ne s'esmeuve,
Ny vouloir si glacé qu'on ne pu~se enflamer.