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  D’HIPPOLYTE. 90


Desespere plus fort, plus tu seras Melle. »

Assez d'autres propos Amour me sçeut tenir.
Amour, prophete seur de mes maux' venir;
liais il n'avança rien. Ma volonté forcée
Suivit obstinément sa course encommencAe,
Resolu d'endurer tout ce qu'on peut penser,
Et lasser les tourmens plu8tost que me lasser.

Aussi, belle Hippolyte, au Dlilieu du martire
Un soupir seulement de meS Bancs je ne tire, 1
Je ne me plains jamais de tant de cruautes;
liais, quand vous me tuez, je chante VOl beautez.
Et ne vous blasme point de m'estre si rebelle. J
Car je me suis promis que vous me seriez telle,.
Et n'atten pal de vous un plus doux. traitement,
Que mourir sans pitié servant fideilemeoL


XXXI.


Quand le soleil doré laisse nostre hemisphe~,
Tournant ailleurs le cours de ses chevaux ailez,
S'il paroist peu souvent, si les jours sont gelez,
Le desir des humains par l'espoir se modere.

liais apres son retour, qu'on s'attend qu'il éclaire,
Si d'un nuage épais ses rayons sont voilez,
Bommes, bestes, oiseaux, en sont tous desolez;
Et les c!hamps trop baignez ne tont que se déplaire.

Aïnsi, quand loin de moy mon soleil se tenoit,
Bien que mon mal rùt grand, l'espoil' me soustenoit,
Et, souffrant constamment, j'attendoy sa présence.

Mais, voyant qu'au retour il m'est tousjours caché,
Je me noye en mes pleurs, languissant et Casché,
Et plus je vay avant, moins j'ar de patience.