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  AMOURS  


Cesse de poursuivir le chemin commencé.

Amour pour mon malheur croist sa perseverance i
Puis de faire autrement je n'ay plus de puissance,
Semblable au marinier par les vents emporté,
Qui ne peut retourner au port qu'il a quitté;
Ainsi ma course, helas t ne peut estre al'restée,
Le trait est décoché, la chance en est jetlée,
Et sans espoir de mieux, il faut perseverer:

C'est heur au malheureux de ne rien esperer.
Lors que de vos regards mon arne fut éprise,
Et que j'osay penser la superbe entreprise
De vous offrir mon coeur, si je m'estoy promis
Quelque douce faveur de vos Jeux ennemis,
J'auroy juste raison d'accuser sa promesse,
Rechargé coup sur coup de nouvelle tristesse;
Mais lors que je vous vey, ce grand maistre des dieux,
Pour mieux vous contempler, me debanda l~~ yeux,
Et voyant que mon ame erroit toute égarée
Parmy tant de beauté de luy-mesme adorée,
Pour retenir mon coeur tout prest à déloger,
Me Ist voir aussi-tost mon apparent danger,
Jlon malheur tout certain, mon audace et ma perle,
Et ma prochaine mort de vos heantez couverte

Voy bien ce que tu fais (dit cet aveugle enfant)
Car si ses deux beaux yeux voal ton ame écbauft'ant,
Et malgré la raison te forcellt de me suivre,
Chasse au loin tout plaisir, n'espere plus de vivre,
Byny-toy de toy-mesme, et, triste desonnaïs,
Ne pense plus gousler de repos DY de paix;
Et pour comhle de mal, en prison si cruelle