Page:Desportes - Premières œuvres (éd. 1600) II - Les Amours d'Hippolyte.djvu/32

Cette page n’a pas encore été corrigée
  AMOURS  


L'e~u que le froid hyver en glaçons resserroit,
.\mour, touehant mon coeur, qui glace demeuroit,
Le fera Condre en eau par mes yeux espanduë.

Si du porteur d'Europe aux Jumeaux il arrive,
Et sortant du priutans il croisse les chaleurs,
Amour renforçera ma peine et mes malheurs,
Sans que je sorte, helas! du joug qui me eaptivf'.

Et s'il laisse, alTivant au Lyon effroyable,
IJe Cancre ardant de chaud, et de soif alteré,
Lors mon coeur, tout bnllant d'un feu demesuré,
Sentira lnalbeureux un eslé trop durable.

Durant cetle saison le laboureur s'appreste
A cueillir le doux fruit des travaux endurez,
Moissonnant tout joyeux. les espis blons-dorez,
Dont la mere Cerés va couronnant sa teste.

Et moy, pour tant de peine, belasl trop Inal sp.mée
Au terroir inrertil de vostre cruauté,
Je n'espere cueillir en l'amoureux esté,
Sinon perte de tans et de ma renommée.

Si, passant par la Vierge, il entre en la Balance,
Et qu'aux jours temperez il égale les nuits,
Amour, sans Moderer mes durables ennuis,
Rendra ma peine égale à ma perseverance.

Comlne en cette saison la verdure s'efface,
Que rhyver puis apres fait mourir en passant,
Ainsi l'Amour cruel rend mon teint palissant,
Attendant que la mort de tont point me dpface.

Et quand du Scorpion courant au Sagittaire,
Vers le cercle byvemal Phoebus s'adressera,
Amour de mille peurs mon espoir glacera,