Page:Desportes - Premières œuvres (éd. 1600) II - Les Amours d'Hippolyte.djvu/29

Cette page n’a pas encore été corrigée
  D’HIPPOLYTE. 87


Laissant celle qui se vient rendre;
Ainsi la mort qui tout destruit,
Chasse apres celuy qui la fuit,
Et se dédaigne de me prendre.

Le jour que je fus asservy,
Je vey bien, lorsque je vous vey,
Mille beautez vous faire hommage,
Mille amours, mille et mille appas;
Mais, ô chétifI je ne vey pas
lion mal peint en vostre visage.

Ravi de vos perfections,
Je ne peu voir les passions
Sortanl des rais de vostre veuê;
Non plus que le pasteur lassé,
(Jui, dessus les fleurs renversé,
Ne voit le serpent qui le tuë.

Ce qui rend mon mal plus amer,
C'est qu'en souffrant pour vous aimer
Douleur qui ne peut estre dite,
Je n'en dois attendre aucun bien;
Car toufle peine est moins que rien,
Eu égard à vostre Merite.

Si, VOU8 aimant, j'ay trop osé,
Amour me doit rendre excusé,
C'est un enfant sans connoissance;
D.e moy, quoy qu'il faille sentir,
Je ne me sçaurois repentir
D'avoir commis si belle offanee.

Le plus souvent, en vous voyant,
La peur va mes sens effroyant,