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  D’HIPPOLYTE. 83
XXI.


Vous me carhez vos yeu~ (las 1 trop cruellementl
.\pres qu'ils In'ont blessé d'une playe inhumaine;
(~s yeux, IDon seul confort en l'amoureuse painf',
Retournez-les, madame, et voyez mon tourment.

Quand le chef d'une armée a valeureusement
Destàit ses ennemis estendus sur la plaine,
Par le calDp des vaincus superbe il se promaillf',
Et regarde les morts plein de contentement.

Vous donc qui, par l'effort de vostre belle vcue,
De mon coeur indonté la victoire avez eue,
Laissant mon foible esprit en proye abandonné,

Si vous n'avez desir de m'estre favorable,
.\u moins tournez vos yeux dessus moy Iniserable,
Pour voir le coup mortel que vous m'avez donné.


XXII.


J'ar langny malheureux quatre longues journées,
Sans voir les deux beaux yeux de celle â qui je suis;
Ilelas! non, quatre joun, mais plustost quatre nuits,
Sans clarté, sans liesse, i mon mal ordonnées.

Qu'ay-je dit? quatre nuits; mais plustost quatre annoes
Toutes pleines d'horreurs, de soucis et d'ennuis,
Ou quatre mine morts que sou1frir je ne puis,
1)31' le ciel rigoureux contre moy destinées.

Comme quand le soleil nous couvre sa clarté,
On voit perdre le lustre à toute autre beauté,
Tout se cache anos yeux s'il retire sa Oame.

Ainsi, lors que vostre oeil lUI' moi plus ne reluit,
Tout objet de la cour m'est une obscure Duit,
Car je vous reconnois pour soleil de mon ame.