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  D’HIPPOLYTE. 80
COMPLAINTE.


Sauvage loy d'Amour et de ma degtinée 1
Las 1on voit qu'un chacun Cuit naturellement
Ce qui le peut destruire : et mon ame obstinée
Cherche ce qui me tuë et s'y plaist follement.

Je sçay que je me pers pour croire à ma jeunesse,
Je voy par la raison que c'est trop m'abuzer.
Inutile sçavoir dont je ne puis uzer,

Miserable raison dont la force est Inaislresse 1
Quand le mal vient d'en haut, vaine est toute deft'ance,
• ieox vaut doneq' que je oedde avec ce reconl'ort
Que ,-os rares beautez excusent mon ommee,
Et que mon haut desir etemise ma mort.

Car, si je meurs, madame, en vous faisant senice,
Jamais plus grand honneur je ne puis acquerir :
Vous me recompensez en me faisant mourir,
Pouneu que ma douleur par mon trespas finisse.

Aussi je ne me plains que me soyez cruelle,
Mais, las! je suis marry de ce qu'en me tuant,
Et payant de rigueur mon service fldelle,
Vostre honneur peu apeu se va diminuanL

Car, si tost qu'on sçaura la perte de ma ,oie,
Chacun, craignant son mal, loin de vous se tipndra
Et 'Vous accusera, quand il se souviendra
Que vous m'aurez tué pour vous avoir servie.

Si donc ma passion n'esmeut vostre courage,
Si vous n'avez soucy de ma fenne amitié,
Au moins, en m'offensant, ne vous faites dommage;
Ayez de vastre honneur, et non de moy, pitié.