Page:Desportes - Premières œuvres (éd. 1600) III - Cleonice. Dernières Amours.djvu/68

Cette page n’a pas encore été corrigée


Jupiter de son ciel. pour voir si lellrs beauiez
S’égalloient aux beaux vers qu’ils en Ivoient chialez ;
Et tOI qui sans fiater n’a point d’égalle au monde.
Pour la premiere place aurois- : tu la seconde !
Et le faux éloquent, t’oatant ce qui t’est den,
Vaincroit-il en mes vers le vray mal deffendu ?
Ah ! taisons-nous plustost que ceste bonte advienne,
Contraire à ton attente, aussi bien qu’à la Inienne ;
Soyons comme Pompée. ou rien, ou les prelDiers,
Et, braves, dédaignons les vulgaires lauriers.
Tout beau, mon cœur, tout beau ! d’où te,oient ceste luJace
De desirer ou rien ou la ploelniere place ?
Quoy ! ne voudroi~tu point dans le ciel habiter,
Si tu n’esperois estrc 8U ciel un Jupiter !
Tu veux des mains d’Hercule arracher la massu~.
Veurs, 6 folle esperance 1 avant qu’estl’e conceu~,
Et ne ressemble point ces escheleurs des cieux,
Qui, tendans lUS plus hauts, sont cheuz aus plus bac ; Ii,.’l.
r,e n’est pas d’aujourd’hui que tu devois detr~Jl(lrp
\ la jeune fureur d’oser tant entreprendre ;
lAng-tans 3 que la muse et l’Apollon Crançois
Ont fait naistre icy bas ce qu’encor tu conç.ois.
Tant de divins esprits dont France est glorieuse
Te de\"oient bien couper ceste aile ambitieuse ;
Car qui s’attend à mieux qu’à ce qu’ils ont chanté,
Se fonne un rien plus beau que la Mesme beauté.

Donc adore leurs pas et, content de les suivre,
Fay que ce vin d’orgueil jamais plus ne t’enivre ;
Connoy-toy desormais, ô mon entendement !
Et comme estant humain, espere humainement.