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  CLEONICE,  



LXXIIII.


te jour malencontreux que mOIl ame peu sage
Joüa pour un regard l’aise et la liberté,
Je ne me douto} pas qu’une jeune beauté
Decelast un cœur double, infldeUe et volage.

Les serpens venimeux, naiz pour nostre dommage
.\11 lieu plus chaud d’Afrique et plus inbabité,
Dès le premier abord font voir leur cruauté ;
Voeil et le port des ours est témoin de leur rage ;

Le contraire en vous seule a trahi mon repos,
Car vos gestes si doux, vos yeux et YOS propos
Ne respirent que joye et douceur amiable.

Je te puis, ô Nature ! â bon droit accuser :
Tu luy devais donner, pour ne nous abuser,
Ou le cœur plus benin, ou l’œil plus effroyab


LXXV.


Nuict. Mere des soucis, cruelle aux amigez,
Qui fait que l~ douleur plus poignante est eentie,
Pource que rame alors n’estant point divertie,
"" e donne toute fil rU’oie aux prn ! (’rs enragez

Autte-fois mes travaux ttl rendois soulager,
Et ma jeune fureur sous ton ombre amortie ;
Mais, helas ! ta faveur s’est de mOJ departie,
Je sens tous tes pavots.en e ! lpines changez.

Je ne sçay plus que c’est du repos que tu donnes ;
La douleur et l’ennu ! de cent pointes fetonnes
)l’ouvrent l’ame et les yeux, en ruisseaux transformez.

Apporte, ô douce nuict ! un sommeil Ama vir,
Qui de fers si pesans pour jamais la deslie
El d’un voile éternel mes yeux tienne fermez.