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  DERNIÈRES AMOURS. 139



LXII.


Je verray par les ans, vengeurs de mon martire,
Que l’or de vos cheveux argenté deviendra,
Que de vos deux soleils la splendeur s’esteindr….
E& qu’il faudra qu’Amour tout confus s’en retire.

La beauté qui, si douce, à présent vous inspire,
Cedant aux lois du tans, ses t’aveurs reprendl’a ;
L’hyver de vostre teint les Oe\lrettes perdra,
Et ne laissera rien des thresors que j’admire.

Cet orgueil desdaigneux qui vous tail ne m’aimer,
En regret et chagrin se verra transformer,.
Avec le changement d’une image si belle.

Et peut estre qu’alors vous n’aurez déplaisir
De revivre en mes vers, chauds d’amoureux desir,
Ainsi que le phénix au feu se renouvelle,


LXIII.


Cent fois tout courroucé de voir que mes escris
N’ont peu rendre à m’aimer vostre cœur plus facile :
Jettons, ce dy-j~ au feu cet ouvrage inutile,
Aux destins de son maistre il doit estre compris.

Puisque tant de labeurs, de soupirs et de cris,
Tous ont este semez en terroir infertile,
J’en veux ~rûler l’histoire et suivre un autre stUe.
Ce n’est que trop chanté d’Amour et de Cypris.

Vostre injuste rigueur me pousse à cet outragei
liais de les mettre au feu je n’ay pas le courage,
Voyant vostre beau nom en mille endroits semé.

Donc qu’ils restent vivans, puisque la mesme fiame
Feroit aussi mourir les honneurs de ma dame.
n suffit que sans eux j~ sois seul consommé·.