Page:Desportes - Premières œuvres (éd. 1600) III - Cleonice. Dernières Amours.djvu/33

Cette page n’a pas encore été corrigée
  DERNIÈRES AMOURS. 134



LII.


Si la vierge Erygone, Andromede et Cythere,
Astres pleins d’amitié, benins et gracieux,
Font le ciel plus aimable et l’embellissent mieux
Que le noir scorpion, l’hydre et le sagittaire :

Pourquoy ne changez-vous ce courage adversaire ?
Pourquoy ne sont plus doux vos propos et vos yeux ?
POUl’quoy, vous adorant, m’estes-vous si contraire’ !
Pourquoy IDe rendez-vous malade et furieux ?

Quand vous m’aurez tué pour vous avoir aimée,
Vous serez par les dieux en astre transformée,
lIaineux, l’ouge de sang, d’orgueil et de fureur ;

Et tous ceux qui sçauront ma mort non meritée,
Diront en vous voyant : 0 Oambeau plein d’barreur.
TousJours des ways amans soit ta fiame écartée !


LIII.


Enfin, l’Arnoul’ cruel à tel point ln’a rangé,
Oue Ina triste dépoüil1c en cendre est converLie ;
Et votre cruauté ne s’est oncq’ amortie,
Que mon cœur par le feu n’ait esté saccagé.

Au moins pour le loyer de m’avoir outragé,
.’aites ainsi que Ceit la royne de Carie,
Non par amour comme elle, ains pleine de Curie :
Beuvez le peu de cendre en quoy je suis changé.

La soif de me tuer s’éteindra dans voslre ame,
Et ma cendre, qui couve une étemèlle f1ame,
Fera que vos glaçons se fondront tout soudain.

liais ce qui plus l’endroit ma douleur consolée,
~eroit de me voir clos dans un lei mausolée.
}l’ut-il one monument si beau que vostre sain !