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  DERNIÈRES AMOURS. 129



XXXVI.


Pource que je vous aime à l’ëgal de Inon ame,
Je vous voy contre moy la baine entretenir.
Ot, si l’inimitié mon amour fail finir,
Changeant de naturel, m’aimerez-vous, madame !

liais en vain pour mon bien tel secours je reclame,
Car vous pourriez pluslost amante devenir,
Que pour quelque accident qui me sçeust ad\’enir,
Je sentisse en l’esprit moins d’amoureuse flamp.

Le roc de ’t'ostre cœur, de glaçons remparé,
Plustost s’éclatera d’un feu demesuré,
Que l’ardeur qui m’allume en rien soit consumée.

Et puis fayme trop mieux vous aimer sans espoir
Que, ne vous aimant point, à mon gré vous avoir.
Car l’amant est tousjours plus divin que l’aimée t


XXXVII.


Le rayon d’un bel œil flamboyant et leger~
Passant comme un éclair, ma poitrine a perçëe
Et par sa vive flamme, en mon cœur élançée.
N’a rien laissé dedans de mortel i purger.

Depuis vostre beauté s’y est venu logpr,
Trouvant la place vuide et sans nulle pensée,
Et, pour toute la Damme autour d’elle amassée,
Sa glace et ses froideurs eUe ne veut changer.

Peut estre aftn qu’un jour, quand ma despoüille enHere
Sera reduite en cendre, et faute de matiere
S’amortira d’un coup mon triste embrasement,

Elle sorte du feu sans qu’elle en soit atteinte,
Pour jetter, sacrilege, III vent ma cendre esteinte,
Et sur mon ombre encore avoir commandempnt.