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  DERNIÈRES AMOURS. 127



XXXII.


Simulacres divins, flammes saintes.et elaires,
Qui luisez dans le ciel de Ion front Ipacieux,
Et, comme le soleil, par vos lnlts rameux
Dissipez la.vertu des splendeurs ordinaires,

S’il est vray que tousjours 1"’deoe grands luminaires,
Les flambeaux atTeStei, ceux qui changent de.lieux,
D’one.Ie clarté luisent dedans leurs Cieux ; ’.
D’où vient que v08~rayon8 soyent souvent si eontrail’~ !

Amoor, pere du tout une fois seulement
Leur imposa de luire, et depuis corlslamment
Ils vont gardant leur ordre et sont lousjours semblables.

Vous, les spheres d’amour, yeux, celestes flallÙW.aul.
Luisez de cent façons divers et variables,
Mais doux ou courroucez tousjours vous estes beaux.


XXXIII.


Vous qui fuyez les pas du vulgaire ignorant,
Et par maints grands labeurs gaignez la connoissance
Des secrets de nature, admirable en puissance,
D’entre les faussetez la verité tirant,

S’il est vray qu’à son bien tout homme aille courant,
D’où vient que je sois seul suivant ce qui m’oft’ance !
D’où vient qu’en le sçachant je n’y fay resistance,
Mais que de mon bon gré je le vay procurant ~

Ou, si c’esi mon vray bien que d’adorer ma dame,
Pour quoy son doux regard n’appaise-t-il mon ame ?
D’où me vient tant de glace et de brûlans trespas ?

S’ils naissent de la voir, comment se peut-il faire
Que j’y coure à toute heure, ardant et volontaire,
Et craigne moins la mort que de ne la voir pas ?