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  DERNIÈRES AMOURS. 126



XXVIII.


Ct*s froideurs, ces d~dains, celle agreable audacr..
~e peuvent pas assez pour me desesperer ; ’
lIa toy fait en mon cœur l’espoir ferm~ durer,
·Afin qu’amour tousjours y conserve sa place.

Ces propos tousjours pleins d’aigreur et d~ menacp,
eet œil qui s’embellist de me voir martyrer,
l’ie feront que -pour vous je sois las d’endurer,
Que je n’aime ma peine et que je ne l’embrasse.

Vostre 6eauté divine adoucis ! tellement
L’aigreur de mes ennuis, que je chante au tounnenl ;
Je beny vos rigueurs, j’adore ma soutTrance.

Ma Coy, d’autre costé pure et sainte à jamais,
Sert d’asseuré rempart à ma ft".rme esperanee,
Et fait que vostre amour en fin je me promets.


XXIX.


Bien que ronde pesante et l’air humide et pront,
Pour croistre leur puissance ayent debat à toute heure,
La terre en leurs discords immobile demeure,
Et du grand univers l’ordre ne,e conCont.

Aussi, bien qu’en mon cœur les soupirs qui se font,
Ayent debat éternel avec l’eau que je pleure,
Leur quereleux discord ne rai t pas que je meure :
Avec un peu d’espoir mes esprits se refont.

Mais, si le feu leger les élem~ns excede
_D’un trop puissant etfort, on verra sans remede
Vair nambant, l’eau tarie et la terre brûler.

Las 1je crains que par trop dans mon ame il abondtl,
Et que je face au ciel tant de flammes voler,
Que, nouveau Phaëton, je rebrûle le monde•.