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[1]Quand fumeux de colère & vrayment offensé,
Terrible il leur tiendra maint propos courroussé,
Troublant en sa fureur leur fole outrecuidance;
Et leur dira ces mots d'un maintien dépité,
J'ay sur le mont Sion, lieu de ma saincteté,
Oinct & sacré mon Roy ; telle est mon ordonnance.

Or' j'en veux publier le décret & la loy,
C'est que le Souverain tournant ses yeux sur moy
M'a dict : Tu es mon fils, je t'ay (ma géniture)
Engendré ce jourdhuy ; requiers moy seulement,
Je te donne les gens sous ton commandement,
Ce sera ton domaine & ta pleine droicture.

Tu tiendras sous ta main, comme t’appartenant,
Ce que les bouts du monde en soy vont contenant,
Et l’univers entier sera ton héritage.
D’une verge de fer ta main les régira,[2]
Et les pourras briser ainsi qu'il te plaira,
De mesme qu'un potier peut casser son ouvrage.

Pourtant Princes & Rois maintenant entendez :
Vous qui jugez la terre & qui lui commandez,
Prenez instruction de ce qu'il vous faut faire ;
En crainte & sans orgueil servez le Tout-puissant,
Egayez vous en lui, mais vous esjouissant
Que vostre âme soumise en tremblant le révère.

H[3]Faites hommage au fils, 70& ses loix embrassez,
Qu'il n'allume son ire, & que tous renversés
Périssiez au chemin que suit vostre folie ;
Car en bref ses fureurs ardemment paroitront.
O lors heureux tous ceux qui le reconnoitront,
Et qui n'ont que sur luy leur fiance establie.

  1. Lors
  2. L.C.
  3. Baisez les mains du