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ret, à ses pieds : il y avait dans son regard fixé sur moi une expression indéfinissable d’indécision et d’embarras…

— Hélène, me dit-il enfin, et sans aucune préparation, il existe de par le monde une personne âgée de quelques années de plus que toi, de laquelle j’ai pris soin depuis son enfance… Avec moi cessera la protection et le secours que je me croyais engagé d’honneur à lui donner…

Il s’arrêta, l’hésitation se peignait sur son visage altéré.

— Mon père, n’ayez pas de ces tristes prévisions ! m’écriai-je tout émue en saisissant sa main ; mais, avant comme après, comptez sur votre fille, ce que vous lui indiquerez sera religieusement rempli : mon mari me donne douze mille francs par an pour ma toilette ; en grâce, mon père, disposez de ce qui m’appartient.

— Il s’agirait seulement, reprit-il, de continuer une pension annuelle de douze cents francs, que dans mes plus mauvais jours de fortune je n’ai jamais cessé d’acquitter fidèlement…

— Mais moi, je suis riche, dis-je en souriant, je n’ai pas grand mérite à être généreuse, je puis facilement doubler la somme.

— Non, non. Le chiffre que j’ai fixé est convenable : ne le dépasse pas. Cette personne est accoutumée à vivre simplement… je me suis toujours gardé de