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homme m’apportait comme venant de la part de ma mère… tandis que c’était de son argent qu’il me les achetait, je l’ai découvert depuis !

Toute, la route se passait ainsi, et au moment où, descendue de voiture, la porte de ma cage allait se refermer sur moi pour toute une année, je me jetais en sanglotant au cou du bon vieux serviteur qui m’avait vue naître ; et lui, ne manquait jamais de s’écrier avec une indicible expression de respect et de bonheur : « Oh ! mademoiselle, mademoiselle ! »

Ainsi se sont écoulées, Aline, les seize premières années de ma vie… Six semaines après ma rentrée dans la maison paternelle j’étais mariée, j’étais à jamais misérable !

— Ma chère Hélène, n’avez-vous donc pas été consultée ?… demanda madame de Rivers émue.

— Non, non. Chez nous cela ne se passait pas ainsi. Ma mère me considérait comme un objet à elle appartenant, dont elle disposait suivant sa conscience, suivant les convenances de famille. C’était ainsi qu’elle avait été mariée, et il ne lui venait pas à l’idée qu’il dût en être autrement à mon égard : mon trousseau était acheté, que je ne savais pas encore, à qui de ma mère ou de moi, étaient destinées toutes ces belles choses qui passaient en me ravissant sous mes yeux, qui encombraient tous les meubles de son boudoir, et que j’allais admirer en cachette…