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blirent. Le frottement du monde n’avait pas altéré chez elle cette bonne candeur d’expansion qui rend si attachante une causerie à deux ; et Marie en causant livrait son âme ! Bientôt je fus initiée à ses douleurs en songeant à sa mère, objet de sa vénération et de ses éternels regrets ; à tous ses bonheurs, en parlant de son intérieur de famille.

La pensée de sa mère lui était toujours présente ; sans cesse son nom revenait sur ses lèvres, son souvenir dans la conversation ; et comme pour s’excuser de cette continuelle préoccupation, elle me disait un jour avec son adorable simplicité :

— Le temps a passé en vain sur notre cruelle séparation… Ma mère repose dans mon cœur vivante et animée : le jour elle ne me quitte pas, le soir elle a ma dernière pensée, le matin ma première prière…. Ab ! si toutes mes croyances ne sont pas que de consolantes déceptions, ma mère me voit, elle m’entend, elle veille sur ses enfants… Mon Dieu ! me l’avoir enlevée si jeune ! si heureuse !… Car après avoir tant souffert à cause de moi…, elle était heureuse depuis que j’étais mariée… Pauvre, pauvre mère !… Cette idée me désespère, madame !

Et moi aussi cette idée me désespérait, Aline. Il y a dans le sentiment de l’irréparable quelque chose qui dévaste, qui tenaille le cour ! Envers la victime je ne pouvais plus rien réparer… et involontairement nies yeux pleins de larmes allèrent chercher la douce