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VOLTAIRE
ET FRÉDÉRIC

I

L’INTIMITÉ DU ROI DE PRUSSE. — LE MARQUIS D’ARGENS.
LA METTRIE.

Pour se faire une idée de la société intime de Frédéric, de ce petit noyau de libres penseurs groupés autour du philosophe de Sans-Souci, il nous faut entrer dans d’assez amples détails biographiques, qui, d’ailleurs, ont bien leur importance. Ces cinq ou six fidèles, Pollnitz, Chasot, d’Argens, Algarotti, Maupertuis, La Mettrie, lord Tyrconnel, sont tous des originaux fort piquants à étudier, la plupart avec un grain de folie et des faiblesses assez inattendues chez des sages, des esprits forts et des sceptiques. Et puis, ici encore, nous sommes en France : nous retrouvons ses usages, ses modes, son langage, ses beaux esprits, ses savants, ses poètes. Le siècle précédent, à la cour du duc de Zell, (l’un de ces mille petits princes qui s’efforçaient à l’envi de singer les mœurs et la magnificence du grand roi), un Français s’écriait en s’apercevant que, de douze convives qui étaient à sa table, il n’y avait que le maître qui ne fût pas Fran-