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XI

TESTAMENT D’ARMAND. — LA PRINCESSE DE NAVARRE.
VOLTAIRE HISTORIOGRAPHE. — BENOÎT XIV.

Voltaire eût souhaité ne pas quitter Cirey où il ne s’était jamais senti plus heureux. Mais M. de Richelieu le voulait voir, avant son départ pour l’Espagne, et il s’exécuta avec cette facilité des natures mobiles que la locomotion et le changement accommodent plus qu’ils ne les dérangent. L’illustre couple était arrivé pour les fêtes que donnait la ville à l’occasion du rétablissement de la santé du roi. Ce n’est pas le lieu ici d’entrer dans les détails de l’épisode de Metz, de raconter les péripéties de ce drame et de cette comédie où tant d’intrigues et d’intérêts furent déjoués. Louis XV eût été un autre homme, que l’aspect de la douleur publique, les cris d’amour des populations lui eussent inspiré le ferme propos de mériter cette idolâtrie dont il s’étonna à bon droit. L’annonce de sa convalescence fut saluée par la France avec une allégresse impossible à décrire. Paris fut en délire. Le feu d’artifice de la place de Grève avait attiré un concours énorme ainsi que les illuminations, qui étaient spendides. La marquise du Châtelet, avide de tous les spectacles, voulut jouir du