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OLYMPE, RUE PLATRIÈRE.

au parlement, était fort riche. Il s’était fait bâtir, dans le faubourg Saint-Antoine, à l’extrémité de la rue de la Roquette, un hôtel élégant, dont les travaux avaient été conduits par Dulin. À sa mort, madame de Winterfeld se trouva héritière pour sa part de cette jolie maison qui, après avoir abrité le savant Réaumur, fut acquise par un prince du sang, M. de Clermont[1]. Pour en revenir à Voltaire, bien des années après, dans les chaînes alors d’une femme d’une toute autre valeur, il écrivait à l’abbé Moussinot, son pourvoyeur officieux : « … J’ajoute à cette prière, mon cher abbé, celle de me faire acheter une petite table à écran qui puisse servir d’écran et d’écritoire, et de la faire porter de ma part chez madame de Winterfeld, rue Plâtrière, près des filles de Sainte-Agnès[2]. » M. de Winterfeld, qui fut tué en 1707, à la bataille de Kollin, vivait encore à cette époque.

  1. Blondel, Architecture françoise (Paris, 1752), t. II, p. 135. Cet hôtel, fort coquet, dont M. de Clermont fit sa petite maison, avait, du temps de la Régence, abrité les amours du duc d’Orléans et de madame d’Avernes, auxquels Dunoyer se trouva fort honoré de le prêter, comme nous l’apprend Mathieu Marais, Journal et Mémoires, t. II, p. 160 (10 juin 1721). Consulter également la très-piquante élude de M. Jules Cousin, le Comte de Clermont, sa cour et ses maîtresses, publiée par l’académie des Bibliophiles ; t. II, Appendice.
  2. Bibliothèque impériale. Manuscrits. F. R. 15, 208. Lettres originales de Voltaire à Moussinot, 1726-1741, p. 17, 18 ; à Cirey, 16 et 30 juillet 1736. Il est étrange que Beuchot n’ait pas revu ces lettres à l’abbé Moussinot sur le manuscrit qui est à la Bibliothèque impériale, leur premier éditeur, l’abbé Duvernet, les ayant émondées, tailladées et même altérées à certains endroits, de façon à les rendre méconnaissables.