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SA RECONNAISSANCE ENVERS EUX.

reste ; et, dans le Dictionnaire philosophique, dans Candide, à mille autres endroits, il ne sera sobre ni de duretés ni de railleries à l’égard d’une société qui avait le malheur de renfermer dans son sein des pères Patouillet et des pères Nonotte. Quoi qu’il en soit, on ne saurait être plus tendre, plus affectueux qu’il ne le parut pour ses anciens régents. Il correspondit toujours avec eux, leur témoignant, à l’occasion, un attachement et une vénération qu’ils méritaient. Il finissait une lettre à l’abbé d’Olivet : « Vale, dilige tuum amicum, tuum discipulum[1]. » Il écrivait au père Tournemine, à l’apparition de Mérope : « Mon très-cher et très-révérend père, est-il vrai que ma Mérope vous ait plu ? Y avez-vous reconnu quelques-uns de ces sentiments généreux que vous m’avez inspirés dans mon enfance ? Si placet, tuum est : c’est ce que je dis toujours en parlant de vous et du père Porée…[2] » À propos de cette même Mérope, il disait à Thiériot, au moment, il est vrai, de ses démêlés avec l’abbé Desfontaines : « Au nom de Dieu, courez chez le père Brumoy ; voyez quelques-uns de ces pères, mes anciens maîtres, qui ne doivent jamais être mes ennemis. Parlez avec tendresse, avec force. Père Brumoy a lu Mérope, il en est content ; père Tournemine en est enthousiasmé. Plût à Dieu que je méritasse leurs éloges ! Assurez-les de mon attachement inviolable pour eux ; je le leur dois, ils m’ont élevé ; c’est

  1. Voltaire, Œuvres complètes (Beuchot), t. LI, p. 343. Lettre à l’abbé d’Olivet ; 1732.
  2. Ibid., t. LIII, p. 371. Lettre de Voltaire au père Tournemine ; décembre 1738.