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PREUVE DE RÉSOLUTION.

penser, à mes malheurs et à la connaissance que j’ai des hommes[1].

Il y a là l’accent d’un profond ressentiment de l’injustice qu’il a subie. Il a tenté tout ce qui lui était possible pour réparer l’outrage fait à son honneur, et l’on voit qu’il ne renonce pas encore à obtenir une satisfaction éclatante. Que pouvait-on attendre de plus, nous ne dirons pas de lui, mais de l’homme le plus virtuellement brave ? Voltaire, a-t-on dit, avait la nature poltronne, c’est l’opinion de ses amis comme de ses ennemis ; mais, à deux reprises pourtant, il aura su dompter le côté essentiellement prudent de son esprit et faire, par une volonté raisonnée, une détermination persistante, ce que d’autres ne font que par coups de tête et par emportement.

  1. Voltaire, Œuvres complètes (Beuchot), t. LI, p. 165, 166. Lettre de Voltaire à Thiériot ; le 12 août 1726.