Page:Desnoiresterres - La jeunesse de Voltaire.djvu/216

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
198
RÉPONSE DE FONTENELLE.

J’ai impatience de vous voir pour vous montrer ce petit ouvrage, dont nous grossirons notre recueil[1]. » L’on pensait donc un peu comme les sots ? De pareilles lettres étaient faites pour passer de main en main avec plus ou moins de fortune. Fontenelle était un bon correspondant pour un semblable but ; et, quelques années auparavant, c’était en lui écrivant, au sujet des sorcelleries de mademoiselle Testard, que mademoiselle Delaunay s’était révélée et était sortie de la position subalterne où l’avait plongée sa mauvaise étoile (1713). Voltaire fait allusion aux réponses de Fontenelle ; nous n’en connaissons qu’une, un aimable et facile badinage où il plaisante doucement ces désœuvrés auxquels son livre n’a rien appris.

Vous dites donc, gens de village,
Que le soleil à l’horizon
Avoit assez mauvais visage.
Eh bien quelque subtil nuage
Vous avoit fait la trahison
De défigurer son image…[2]

  1. Voltaire à Ferney (Didier 1860), p. 229. Lettre de Voltaire à Thiériot ; 2 juin 1721.
  2. Fontenelle, Œuvres complètes [édit. Belin, 1818), t. III, p. 203. Réponse à une lettre de M. de Voltaire, écrite de Villars le 1er septembre 1720 (cette date est inexacte, c’est celle que donne Voltaire qui est la vraie), sur ce que le soleil avoit perdu de sa lumière et de sa grandeur, sans que l’air fût obscurci d’aucun nuage.