Page:Desnoiresterres - La jeunesse de Voltaire.djvu/181

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


V

VOLTAIRE À VAUX-VILLARS ÉPRIS DE LA MARÉCHALE POISSON. — ARTÉMIRE. — LETTRE À FONTENELLE.

Voltaire, depuis longtemps, ne demeurait plus chez son père ; il logeait, comme on l’a vu, dans une maison garnie de la rue de la Calandre, quand on vint l’arrêter pour le mener à la Bastille. Si l’on a la preuve qu’il faisait une pension à son fils[1], il est plus que probable que M. Arouet ne soutenait qu’insuffisamment de ses deniers une vie de désordre qui le désespérait. Bien que le jeune poëte dînât et soupât en ville, encore se demande-t-on quels étaient ses moyens d’existence. Les deux mille francs que lui avait légués mademoiselle de Lenclos pour acheter des livres eurent-ils en effet cet emploi, ou bien, allant au plus pressé, Arouet les fit-il passer dans des dépenses d’une urgence plus actuelle ? C’est ce que nous ne saurions dire. Il lui restait la ressource des usuriers et des prêteurs à la petite semaine, et il ira plus d’une fois gratter à leur porte. Précoce en cela comme en toute chose, dès l’âge de treize ans, il se mettait dans leurs mains et souscrivait des billets dont on comptait bien se servira sa majorité.

  1. Inventaire, liasse 70. Quittances relatives aux sommes accordées à son fils « pour ses pensions, depuis qu’il est sorti du collège. »