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et la plaidoirie, et la démocratie a été proclamée le 21 septembre. Maintenant la démocratie en France, l’aristocratie en Angleterre, fixent en Europe tous les regards tournés vers la politique. Ce ne sont plus des discours, ce sont les faits qui décideront devant le juré de l’univers pensant, quelle est la meilleure de ces deux constitutions. Maintenant la plus forte, la seule satire à faire du gouvernement anglais, c’est le bonheur du peuple ; c’est la gloire, c’est la fortune de la République française. N’allons pas, ridicules athlètes, au lieu de nous exercer et de nous frotter d’huile, panser les plaies de notre antagoniste. C’est nous-mêmes qu’il faut guérir ; et pour cela, il faut connoître nos maux ; il faut avoir le courage de les dire. Sais-tu que tout ce préambule de ton numéro 7, ces circonlocutions, ces précautions oratoires, tout cela est fort peu Jacobin. À quoi reconnoît-on le vrai républicain, je te prie, le véritable Cordelier ? C’est à sa vertueuse indignation contre les traîtres et les coquins, c’est à l’âpreté de sa censure. Ce qui caractérise le républicain, ce n’est point le siècle, le gouvernement dans lequel il vit, c’est la franchise du langage. Montausier étoit un républicain, dans l’œil de bœuf. Molière, dans le Misantrope, a peint en traits sublimes les caractères du républicain et du royaliste. Alceste est un Jacobin, Philinte, un Feuil-