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d’artillerie, que les mortiers de Dalton vomissent la mort aussi bien que ceux de Vandermersch. Il n’en est pas de même dans la guerre de l’écriture ; il n’y a que l’artillerie de la bonne cause qui renverse tout ce qui se présente devant elle. Soudoyez chèrement tous les meilleurs artilleurs pour soutenir la mauvaise cause ; promettez l’hermine et la fourrure de sénateur à Mounier, à Lally, Bergasse ; donnez huit cent fermes à J. F. Maury ; faites Rivarol capitaine des gardes ; opposez-leur le plus mince écrivain, avec le bon droit, l’homme de bien en fera plus que le plus grand vaurien. On a inondé la France de brochures contre tous ceux qui la soutenoient, le marquis de Favres colportant dans les casernes les pamphlets royalistes : qu’est-ce que tout cela a produit ? Au contraire, Marat se vante d’avoir fait marcher les Parisiens à Versailles, et je crois bien qu’il a eu grande part à cette célèbre journée. Ne nous lassons point de le répéter, à l’honneur de l’imprimerie, ce ne sont point les meilleurs généraux, mais la meilleure cause qui triomphe dans les batailles qu’on livre aux ennemis de la liberté et de la patrie. Mais quelque incontestables que soient ces principes, la liberté de parler et d’écrire n’est pas un article de la déclaration des droits plus sacré que les autres, qui tous sont