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à son salut, plutôt qu’à celui de la patrie, qu’il se vit obligé de caresser Octave, pour l’opposer à Antoine, et de se faire ainsi un bouclier pire que l’épée. La popularité et l’éloquence de Ciceron furent le pont sur lequel Octave passa au commandement des armées, et y étant arrivé, il rompit le pont. C’est ainsi que l’intempérance de langue de Ciceron, et la liberté de la presse ruina les affaires de la république autant que la vertu de Caton. À la vérité mon Vieux Cordelier, et pour finir par un mot qui nous réconcilie un peu ensemble, et qui te prouve que si tu es un pessimiste, je ne suis pas un optimiste, j’avoue que quand la vertu et la liberté de la presse deviennent intempestives, funestes à la liberté, la république gardée par des vices, est comme une jeune fille dont l’honneur n’est défendu que par l’ambition et par l’intrigue, et on a bientôt corrompu la sentinelle.

Non, mon vieux profès, je n’ai point changé de principes, je pense encore comme je l’écrivois dans un de mes premiers numéros : le grand remède de la licence de la presse est dans la liberté de la presse ; c’est cette lance d’Achille qui guérit les plaies qu’elle a faites. La liberté politique n’a point de meilleur arsenal que la presse : Il y a cette différence à l’avantage de cette espèce