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cripteurs, que ces moyens le sont aux guinées de Pitt.

Le vieux Cordelier.

Je réponds, en un mot : dans les temps de Sylla et de Marc-Antoine dont tu parles, si toute vérité n’étoit plus bonne a dire, c’est que déjà il n’y avoit plus de république. Les ménagemens, les détours, la politesse, la circonspection, tout cela est de la monarchie. Le caractère de la république, c’est de ne rien dissimuler, de marcher droit au but, à découvert, et d’appeler les hommes et les choses par leurs noms. La monarchie fait tout dans le cabinet, dans des comités et par le seul secret ; la république, tout a la tribune, en présence du peuple et par la publicité, par ce que Marat appeloit faire un grand scandale. Dans les monarchies, le bon du gouvernement est le mensonge, tromper est tout le secret de l’Etat ; la politique des républiques, c’est la vérité. Tu prétends, dans ton journal, faire la guerre aux vices, sans noter les personnes : dès-lors tu n’es plus un républicain à la tribune des Jacobins, mais un prédicateur et un Jésuite dans la chaire de Versailles, qui parle à des oreilles royales, de manière qu’elles ne puissent s’effarou-