Page:Desmoulins, Camille - Le Vieux cordelier (n°7).pdf/14

Cette page a été validée par deux contributeurs.
(128)

ennemi, ces discours ont de quoi flatter nos oreilles. C’est ainsi que des hommes, que quelques républicains d’outremer, font en plein parlement, la satire de leur nation, et l’éloge de ceux qui lui font la guerre ; et nous au fort de la liberté et de la démocratie, nous n’osons censurer dans un numéro ce qui manque à la perfection de notre gouvernement. Nous n’osons louer chez les Anglais ce qu’il y a de moins mauvais, comme la liberté des opinions, l’habeas corpus, et l e proposer pour exemple à nos concitoyens, de peur qu’ils ne deviennent pires.

Nous nous moquons de la liberté de parler de l’Angleterre, et cependant, dans le procès de Bennet, convaincu d’avoir dit publiquement qu’il souhaitoit un plein succès à la République française, et la destruction du gouvernement d’Angleterre, après une longue délibération, leur juré vient de prononcer, il y a quinze jours, que Bennet n’étoit point coupable, et que les opinions étoient libres.

Nous nous moquons de la liberté d’écrire des Anglais ; cependant il faut convenir que le parti ministériel n’y demande point la tête de Shéridan ou de Fox, pour avoir parlé des généraux, de Brunswick, de Wurmser, Hoode, Moyra, et même du duc d’Yorck, avec autant d’irrévérence au