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10 août, et a renversé une monarchie de quinze siècles, presque sans effusion de sang.

Quel est le meilleur retranchement des peuples libres contre les invasions du despotisme ? C’est la liberté de la presse. Et ensuite, le meilleur ? C’est la liberté de la presse. Et après, le meilleur ? C’est encore la liberté de la presse.

Nous savions tout cela, dès le 14 juillet : c’est l’alphabet de l’enfance des républiques ; et Bailly lui-même, tout aristocrate qu’il fût, étoit sur ce point plus républicain que nous. On a retenu sa maxime : La publicité est la sauve-garde dus peuple. Cette comparaison devroit nous faire honte. Qui ne voit que la liberté d’écrire est la plus grande terreur des fripons, des ambitieux et des despotes, mais qu’elle n’entraîne avec soi aucun inconvénient pour le salut du peuple. Dire que cette liberté est dangereuse à la République, cela est aussi stupide que si on disoit que la beauté peut craindre de se mettre devant une glace. On a tort ou on a raison : on est juste, vertueux, patriote, en un mot, ou on ne l’est pas. Si on a des torts, il faut les redresser ; et pour cela, il est nécessaire qu’un journal vous les montre : mais si vous êtes vertueux, que craignez-vous de numéros contre l’injustice, les vices et la tyrannie. Ce n’est point là votre miroir.