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de-Mars, nous trouvions un asile que le tyran n’osait violer.

Le plaisant de l’histoire, c’est que ce suspect étoit devenu le sexagénaire le plus ultra que j’aie encore vu. C’était le père Duchesne de la maison. À l’entendre, on ne coffrait que des conspirateurs, tout au moins des aristocrates, et la guillotine chômait encore trop souvent. Je crois que s’il n’avait été un peu plus content de mon numéro 5, il m’aurait fermé la porte du logis. Aussi, la première fois que j’allai le voir aux Carmes, la piété filiale fut moins forte en moi que le comique de la situation ; et il me fut impossible de ne pas rire aux éclats de ce compliment qui venait si naturellement, et avec lequel je le saluai : « Eh bien ! cher père, trouvez-vous encore qu’il n’y a que les contre-révolutionnaires qui sifflent la linotte ? » Cette anecdote répond à tout, et j’espère que Xavier Audoin ne fera plus, à la séance des Jacobins, cette question : Hommes lâches, qui prétendez arrêter le torrent de ta révolution, que signifient ces nouvelles dénominations d’extra, d’ultra-révolutionnaires ? » Je viens d’en donner, je pense, un échantillon. Car enfin, il n’est dit nulle part, dans les instructions sur le gouvernement révolutionnaire, que M. Brigandeau ci-devant en bonnet carré au châtelet, maintenant en bonnet rouge à la section, pourra mettre sous son bras une pendule, parce que la pointe de l’aiguille se termine en trefle, et dans sa poche mon brevet de pension, parce que ce brevet commençait, comme tous les brevets de pension des quatre-vingt-six départemens, par ce mot, Louis, roi, qui se trouve aussi dans tous les livres. Et nous

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