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est cause qu’aucun sans-culotte n’a pu le lire ; et Hébert a eu sur moi un triomphe complet. Encore si la société des Jacobins s’étoit fait donner lecture de ce numéro 5, et avoit voulu entendre mon défenseur officieux, comme elle en avoit pris l’arrêté, l’attention et le silence que les tribunes avoient prêté à mes numéros 4 et 3 (ce qui prouve que les oreilles du peuple ne sont pas si hébertistes qu’on le dit, et qu’il aime qu’on lui parle un autre langage, et qu’on lui fasse l’honneur de croire qu’il entend le français). La défaveur très-peu sensible avec laquelle les tribunes avoient écouté ces deux numéros, annonçoit que la lecture du cinquième me vaudroit une absolution générale : mais apparemment les commis de la guerre n’ont jamais voulu consentir à cette lecture, en sorte que si la société n’avoit pas rapporté ma radiation, le déni de justice étoit des plus crians. Et c’est citoyen Desenne, qui êtes cause que ma popularité a perdu contre Hébert cette fameuse bataille de Gemappe, ou plutôt c’est ma faute d’avoir fait une si longue apologie. Mes numéros seront plus courts désormais. Je veux sur-tout être lu des sans-culottes, et être jugé par mes pairs ; et j’exige de vous, quand vous devriez employer un papier bien mauvais, que vous ne vendiez pas mes numéros, dans la rue, plus cher que le Père Duchesne ne vend les siens à Bouchotte, c’est-à-dire, 2 sous, à raison de huit pages, et 120 mille francs pour 1200 mille exemplaires.


P. S. Miracle ! grande conversion du Père Duchesne ! « Je l’ai déjà dit cent fois, écrit-il dans un de ses derniers numéros, et je le dirai toujours, que l’on imite le sans-culotte Jésus ! que l’on suive à la lettre son évangile, et tous les hommes vivront en paix… Quand une troupe égarée et