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du tribunal révolutionnaire ; dénonciation pour dénonciation. En janvier dernier, j’ai vu encore M. Nicolas dîner avec une pomme cuite ; et ceci n’est point un reproche. (Plût à Dieu, que dans une cabane, et ignoré au fond de quelque département, je fisse avec ma femme de semblables repas !) Voici ce qu’étoit alors le citoyen Nicolas. Dans les premières années de la révolution, comme Robespierre couroit plus de dangers qu’aucun de nous, à cause que son talent et sa popularité étoient plus dangereux aux contre-révolutionnaires, les patriotes ne le laissoient point sortir seul ; c’étoit Nicolas qui l’accompagnoit toute l’année, et qui, grand et fort, armé d’un simple bâton, valoit à lui seul une compagnie de muscadins. Comme tous les patriotes aiment Robespierre ; comme dans le fond, Nicolas est un patriote, et qu’il n’y a que la séduction du pouvoir, et l’éblouissante nouveauté d’une si grande puissance, entre ses mains, que celle de vie et de mort, qui peut lui avoir tourné la tête, nous l’avons nommé juré du tribunal révolutionnaire, dont il est en même temps imprimeur. Or, c’est par où je voulois conclure sans me permettre aucune réflexion ; croiroit-on, qu’à ce sans-culotte, qui vivoit si sobrement, en janvier, il est dû, en nivôse, plus de 150