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de police l’auroit fait pendre, en les prenant isolément et détachées de ce qui précède et de ce qui suit. Ce n’est pas même sur un numéro, mais sur l’ensemble de mes numéros qu’il faudroit me juger.

Je lis dans la Feuille du Salut Public, à l’art.  de la séance des Jacobins, primidi nivôse : « Camille Desmoulins, dit Nicolas, frise, depuis long-temps, la guillotine ; et, pour vous en donner la preuve, il ne faut que vous raconter les démarches qu’il a faites au comité révolutionnaire de ma section, pour sauver un mauvais citoyen que nous avions arrêté par ordre du comité de sûreté générale, comme prévenu de correspondance intime avec des conspirateurs, et pour avoir donné asile chez lui au traître Nantouillet ».

Vous allez juger, frères et amis, quel étoit ce scélérat que j’ai voulu sauver. Le citoyen Vaillant étoit accusé, de quoi ? vous ne le devineriez jamais : d’avoir donné à dîner, dans sa campagne, à deux lieues de Péronne, à un citoyen résidant dans cette ville depuis quinze mois, y montant sa garde, y touchant ses rentes ; en un mot, ayant une possession d’état, et de l’avoir invité à coucher chez lui. N’est-ce pas là le crime ridicule dont parle Tacite. Crime de contre-révolution de ce que votre fermier