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pour dire des pseaumes, et s’allumer le cerveau par la prière, qu’on diroit le messe dans des caves, quand on ne pourroit plus la dire sur les toits ; de-là des attroupemens et des Saint-Barthélemi, et que nous allions avoir l’obligation, principalement aux feuilles b… patriotiques du Père Duchesne, colportés par Georges Bouchotte, d’avoir jeté sur toute la France ces semences si fécondes de séditions et de meurtres ?

Est-ce ma faute enfin, s’il m’a semblé que des pouvoirs subalternes sortoient de leurs limites, et se débordoient ; qu’une commune, au lieu de se renfermer dans l’exécution des lois, usurpoit la puissance législative, en rendant de véritables décrets sur la fermeture des églises, sur les certificats de civisme, etc. Les aristocrates, les feuillans, les modérés, les brissotins ont déshonoré un mot de la langue française, par l’usage contre-révolutionnaire qu’ils en ont fait. Il est mal aisé aujourd’hui de se servir de ce mot. Cependant, frères et amis, croyez-vous avoir plus de bon sens que tous les historiens, et tous les politiques, être plus républicains que Caton et Brutus, qui tous se sont servis de ce mot ? Tous ont répété cette maxime : L’anarchie, en rendant tous les hommes maîtres, les réduit bientôt à n’avoir qu’un seul maître. C’est ce seul maître que j’ai craint, c’est cet anéantissement de la République ou du moins ce démembrement. Le comité de salut public, ce comité sauveur, y a porté remède ; mais je n’ai pas moins le mérite d’avoir le premier appelé ses regards sur ceux de nos ennemis les plus dangereux, et assez habiles pour avoir pris la seule route possible de la contre-révolution. Ferez-vous un crime,