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que, sur le rapport d’Hébert, et sur des citations si infidèles et si malignes de plusieurs de mes chers confrères en journaux, les Jacobins, restés à la société, à dix heures du soir, ne se seroient pas écriés, comme le vice-président Brocher : Quel besoin avons-nous d’autres témoins ? et que le juré d’opinion n’ait pas déclaré qu’il étoit suffisamment instruit, et que, dans son ame et conscience, j’étois convaincu de modérantisme, de feuillantisme et de brissotisme.

Et cependant quel tort avois-je, sinon d’être las d’en avoir eu, d’être las d’avoir été poltron, et d’avoir manqué du courage de dire mon opinion, fût-elle fausse. Je ne crains pas que la société me blâme d’avoir fait mon devoir. Mais si la cabale étoit plus forte, je le dis avec un sentiment de fierté qui me convient ; si j’étois rayé, ce seroit tant pis pour les Jacobins ! Quoi vous m’avez commandé de dire à la tribune ce que je crois de plus utile pour le salut de la république ! ce que je n’ai pas les moyens physiques de dire à la tribune, je l’ai dit dans mes numéros, et vous m’en feriez un crime ! Pourquoi m’avez-vous arraché à mes livres, à la nature, aux frontières, ou je serois allé me faire tuer comme mes deux frères, qui sont morts pour la liberté ? pourquoi m’avez-vous nommé votre représentant ? pourquoi ne