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clémence de politique cette clémence révolutionnaire, qui distingue ceux qui n’ont été qu’égarés. À ce fait, disois-je, sans réplique, j’ai toutes les peines du monde à souscrire à la censure de Barrère, et à ne pas m’écrier comme Galilée, condamné par le sacré Collège : « Je sens pourtant qu’elle tourne ! »

Certes, le procureur général de la Lanterne, en 1789, est aussi révolutionnaire qu’Hébert, qui, à cette époque, ouvroit des loges aux ci devant, avec des salutations jusqu’à terre. Mais dès-lors, quand j’ai vu l’assassinat ultra-révolutionnaire du boulanger François, fidèle à mon caractère, ne me suis-je pas écrié, que c’étoit la cour elle-même, Lafayette, et les Hébert de ce temps-là, les patriotiquement, aristocrates, qui avoient fait ce meurtre, pour rendre la Lanterne odieuse ? Celui-là encore aujourd’hui est révolutionnaire, qui a dit, avant Barrère, qu’il falloit arrêter comme suspects tous ceux qui ne se réjouissoient pas de la prise de Toulon. Celui-là est un révolutionnaire, qui a dit, comme Robespierre, et en termes non moins forts : « S’il falloit choisir entre l’exagération du patriotisme et le marasme du modérantisme, il n’y auroit pas à balancer. Celui-là est un révolutionnaire, qui a avancé comme une des premières maximes de la