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de plus heureux que de rendre tant d’hommes heureux ? Maintenant je le demande aux vrais patriotes, aux patriotes éclairés, étions-nous aussi heureux que nous pouvons l’être, même en révolution ?

J’ai pu me tromper ; mais quand même je serois dans l’erreur, est-ce une raison pour qu’Hébert se permette d’appeler un représentant du peuple, un conspirateur à guillotiner pour son opinion. J’ai vu Danton et les meilleurs esprits de la Convention, indignés de ce numéro d’Hébert, s’écrier : « Ce n’est pas toi qui es attaqué ici, c'est la représentation nationale, c’est sa liberté d’opinion ! et je ne me serois pas embarrassé de prouver que, sur ce seul numéro, Hébert à mérité la mort. Car enfin, quand tu te serois trompé, tu n’as pas formé à toi seul une conspiration : et les brissotins n’ont point péri pour une opinion ; ils ont été condamnés pour une conspiration. »

La passion ne me fera point dévier des principes ; et je ne saurois être de cet avis, qu’Hébert a mérité le décret d’accusation sur un numéro. Je persiste dans mon sentiment, que non-seulement la liberté des opinions, doit être indéfinie pour le député, mais même la liberté de la presse pour le journaliste. Permis à Hébert