Page:Desmoulins, Camille - Le Vieux cordelier (n°5).pdf/45

Cette page a été validée par deux contributeurs.
(91)

vrais républicains, je voulusse changer mon supplice contre la fortune de ce misérable Hébert, qui, dans sa feuille, pousse au désespoir vingt classes de citoyens, et plus de trois millions de Français auxquels il dit anathême, et qu’il enveloppe en masse dans une proscription commune ; qui, pour s’étourdir sur ses remords et ses calomnies, a besoin de se procurer une ivresse plus forte que celle du vin, et de lécher sans cesse le sang au pied de la guillotine ? Qu’est-ce donc que l’échafaud pour un patriote, sinon le piédestal des Sydney et des Jean de With ? Qu’est-ce, dans un moment de guerre, où j’ai eu mes deux frères mutilés et hachés pour la liberté, qu’est-ce que la guillotine, sinon un coup de sabre, et le plus glorieux de tous, pour un député victime de son courage et de son républicanisme ?

J’ai accepté, j’ai souhaité même la députation ; parce que je me, disois : Est-il une plus favorable occasion de gloire, que la régénération d’un État prêt à périr, par la corruption et les vices qui y règnent ? Quoi de plus glorieux que d’y introduire de sages institutions, d’y faire régner la vertu et la justice ; de conserver l’honneur des magistrats, aussi-bien que la liberté, la vie, et la propriété des citoyens, et de rendre sa patrie florissante ? Quoi