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dans les ténèbres, et sans témoins de sa valeur ; nous dont la mort soufferte pour la liberté, ne peut être que glorieuse, solennelle, et en présence de la nation entière, de l’Europe et de la postérité, serions-nous plus lâches que nos soldats ? craindrons-nous de nous exposer, de regarder Bouchotte en face ? n’oserons-nous braver la grande colère du Père Duchêne, pour remporter aussi la victoire que le peuple français attend de nous ; la victoire sur les ultra-révolutionnaires comme sur les contre-révolutionnaires ; la victoire sur tous les intrigans, tous les fripons, tous les ambitieux, tous les ennemis du bien public ?

Malgré les diviseurs, que la montagne reste une et indivisible comme la République ! ne laissons point avilir, dans sa troisième session, la représentation nationale. La liberté des opinions ou la mort ! Occupons-nous, mes collègues, non pas à défendre notre vie comme des malades, mais à défendre la liberté et les principes, comme des républicains ! Et quand même, ce qui est impossible, la calomnie et le crime pourroient avoir sur la vertu un moment de triomphe, croit-on que, même sur l’échafaud, soutenu de ce sentiment intime, que j’ai aimé avec passion ma patrie et la République, soutenu de ce témoignage éternel des siècles, couronné de l’estime et des regrets de tous les