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convient est celle de la raiſon ; celle de dire mon opinion avec franchise. Je la conserverai jusqu’à la mort cette audace républicaine contre tous les despotes, et quoique je n’ignore pas la maxime de Machiavel, qu’il n’y a point de tyrannie plus effrénée que celle des petits tyrans.

Qu’on désespère de m’intimider par les terreurs et les bruits de mon arrestation qu’on sème autour de moi ! Nous savons que les scélérats méditent un 31 mai contre les hommes les plus énergiques de la montagne. Déjà Robespierre en a témoigné ses pressentimens aux Jacobins ; mais, comme il l’a observé, on verroit qu’elle différence il y a entre les brissotins et la montagne. Les acclamations que la Convention à recueillies partout sur son passage, le jour de la fête des victoires, montrent l’opinion du peuple, et qu’il ne s’en prend point à ses représentans des taches que des étrangers se sont efforcés d’imprimer à la nation. C’est dans la Convention, dans le comité de salut public, et non dans Georges et les Georgiens, que le peuple français espère. Mais toutes les fois que, dans une République, un citoyen aura, comme Bouchotte, 300 millions par mois, et 50 mille places à sa disposition, tous les intrigans, tous les oiſeaux de proie s’assembleront nécessairement autour de lui. C’est-là le siège