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nous apprend qu’il chérissoit d’une tendresse de père. Le bon sire ne prévoyoit pas qu’ils donneroient leur nom à deux ordres un peu différens, qui détrôneroient sa race, et seroient les fondateurs de la République françoise, une et indivisible. Après cet exorde insinuant et cet éloge qui n’est pas flatteur, et auquel vous avez tous part, j’espère qu’il me sera permis, dans le cours de cet écrit apologétique, de vous adresser quelques vérités qui seront moins agréables à certains membres.

Le vaisseau de la République vogue, comme j’ai dit, entre deux écueils, le modérantisme et l’exagération. J’ai commencé mon Journal par une profession de foi politique, qui auroit dû désarmer la calomnie ; j’ai dit, avec Danton, qu'outrer la révolution avoit moins de péril, et valoit mieux encore que de rester en deça ; que, dans la route que tenoit le vaisseau, il falloit encore plutôt s’approcher du rocher de l’exagération, que du banc de sable du modérantisme. Mais voyant que le Père Duchesne, et presque toutes les sentinelles patriotes, se tenoient sur le tillac, avec leur lunette, occupés uniquement à crier : Gare, vous touchez au modérantisme ; il a bien fallu que moi, vieux Cordelier et doyen des Jacobins, je me chargeasse de la faction difficile, et dont aucun des jeunes