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moins le courage d’ouvrir là une discussion grande et que l’honneur de l’assemblée nationale demandoit qu’elle abordât. J’aurai eu le mérite d’avoir fait luire le premier un rayon d’espoir aux patriotes détenus. Les maisons de suspicion ne ressembleront plus jusqu’à la paix à l’enfer du Dante, où il n’y a point d’espérance. N’eussé-je fait que ce bien, je méritois de Barrère plus de ménagemens, et qu’il ne frappât point si fort. Au demeurant, le plus grand honneur qu’on pût faire à mon journal, étoit assurément cette censure du comité de salut public et le décret qui en ordonne l’insertion au bulletin. C’est donner à ma plume une grande importance. Un jour la postérité jugera entre les suspects de Barrère et les suspects de Tacite. Provisoirement les patriotes vont être contens de moi ; car, après cette censure solemnelle du comité de salut public, j’ai fait, comme Fénélon, montant en chaire pour publier le bref du pape, qui condamnoit les maximes des saints, et les lacérant lui-même, je suis prêt à brûler mon numéro 3 ; et déjà j’ai défendu à Desenne de le réimprimer, au moins sans le cartonner.

Comme le comité de salut public n’a pas dédaigné de réfuter mon numéro 4, pour éclairer tout-à-fait sa religion, je lui dois le rétablissement d’un fait, sur lequel son rappor-