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qu’il connoît Fréron, comme il me connoît ; remarquez que c’est alors qu’est venue au comité de salut public, on ne sait d’où, cette fausse lettre signée Fréron et Barras ; cette lettre qui ressemble si fort à celle qu’on a fait parvenir, il y a deux jours, à la section des Quinze-Vingts, par laquelle il sembloit que d’Eglantines, Bourdon de l’Oise, Philippeaux et moi voulions soulever les sections. Ô ! mon cher Fréron, c’est par ces artifices grossiers, que les patriotes du 10 août minent les pilliers de l’ancien district des Cordeliers. Tu écrivois, il y a dix jours, à ma femme : Je ne rêve qu’à Toulon, ou j’y périrai ou je le rendrai à La République ; je pars. La canonnade commencera aussitôt mon arrivée : nous allons gagner un laurier ou un saule : préparez-moi l’un où l’autre. O ! mon brave Fréron, nous avons pleuré de joie tous les deux, en apprenant ce matin la victoire de la République, et que c’étoit avec des lauriers que nous irions au-devant de toi, et non pas avec des saules au-devant de ta cendre. C’est en montant le premier à l’assaut avec Salicetti et le digne frère de Robespierre, que tu as répondu aux calomnies d’Hébert. C’est donc à Paris comme à Marseille ! Je vais citer tes paroles, parce que celles d’un triomphateur auront plus de poids que les

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